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letra de correspondance - sept

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fontenay-sous-bois, 27 juin
neuf heures et des poussières

bonjours, vous êtes bien sur la messagerie de manuel guibert
j’suis absent pour l’moment mais… vous pouvez laisser un message après l’bip sonore

ouais salut manu, c’était cédric
en fait j’t’appelais pour t’proposer un pet-t couplet qu’j’avais écrit là
heu, le thème vite fait c’est l’errance nocturne
et voilà, j’ai gratté un pet-t 20
j’vais t’le lâcher sur ta messagerie pour qu’t’entendes, tu vois, c’que ça peut donner, si ça t’branche
donc vas-y j’te l’lâche, j’trouve juste un pet-t son vite fait

[couplet 1: faro]
j’m’endors dans l’ventre du serpent d’fer, bruyant sommeil
j’m’enfonce dans les entrailles d’la terre dès qu’est couché l’soleil
lumière artificielle, des galeries souterraines pleines de chromes sous les néons
des peintres s’approprient un domaine dans la paume une bombe
des expos non officielles de bérault à odéon
j’somnole, et la bête toujours plus profond m’emmène dans sa course folle
en face de moi une âme en peine s’noie dans l’alcool
c’monde est dur, peuplé d’gens seuls qu’en ont ras le bol
l’reptile s’arrête puis repart dans l’labyrinthe
lâche toujours l’même sifflement strident, la même plainte
à la surface j’retrouve l’air libre et mes craintes
nuit noire sur étoiles, j’avance dans la fourmilière sans but
attendant qu’demain s’dévoile
tourne en rond comme ces mecs en caisse qui surveillent leurs putes à poil
j’longe des files sans fin d’voitures endormies
ces kilomètres de tôle me donnent le tournis
leurs couleurs diffèrent et pareilles à la justice
elles crachent la mort été comme hiver
perdu dans la ville lumière, là où chaque artère charrie son lot d’vices
j’déambule et mille vers m’viennent
ill-strant à merveille ces soirs où j’traîne
ma solitude, ma carc-sse lourde de peines

bah voilà, c’était vite fait, bah t’sais quoi, normalement j’déboule chez lartiz’ tout à l’heure, on en reparle de vive voix. voilà, à t’t à l’heure, ciao!

place de la nation, 10 heures 45, 27 juin

[couplet 2: sept]
j’descends dans l’ventre du serpent d’fer souterrain
repère des migrants du centre en guerre
antre des centenaires sous vin qu’en arpentent tous les coins
j’me plante face au portique qui prend mes sous et s’plaint
à c’tarif pas vraiment modique tous les couloirs mènent à tous les trains
tu payes pour voir, ça y est, suffisait d’le vouloir, t’as plus qu’à t’noyer dans la foule des chiens
individualité broyée parmi des milliers d’regards flous éteints
après il t’reste plus tellement d’égards pour les tiens
t’as du mal à croire qu’y ait la moindre idée qui s’cache sous l’écrin
changement à bastille direction place d’it’
les déhanchements d’un tas d’filles font qu’ça p-sse vite
quand y a des lignes en dérangement la m-sse flippe
etrangement j’croise pas de flics
j’poursuis mon chemin en évitant les familles, les gamins, les mamies et leur arthrite
à un crois-m-nt y a des ‘leurs sur des fraudeurs qui font carton plein
j’p-sse à leur hauteur j’arrive sur le quai v’la mon train
j’pose enfin mon cul sur un strapontin en rêvant à des territoires lointains
si t’es d’ici c’est rien, tu sais bien qu’c’est comme ça qu’on tient
là où t’es plus qu’une fourmi qui va et qui vient dans des wagons pleins
chaque matin les mêmes qu’on croise, on s’toise mais on s’demande pas c’qu’on devient
dans l’vacarme -ssourdissant des criss-m-nts d’rails et des crispations d’freins
dans les tunnels du trom, des tags et des chromes; la guerre culturelle bat son plein
ligne 5 terminus, j’ai comme un encombrement dans les sinus
sombre pressentiment qu’on est tous des minus
j’sors lentement p-sse l’abribus
j’arrive devant chez lartizan mais j’ai pas l’code et dans l’phone j’avais évidemment pas mis d’puce
putain…

laurent! laurent!
laurent! laurent! laurent!

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