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letra de interview de mamooth pour rapalgérien.com - mehdi.b de rap-algérien.com

– mehdi.b (r.a) : « mamooth, peux-tu résumer ton parcours »

– mamooth : « (rires..) alias khalil du groupe art mûr hostile composé de zak,dj badri et moi, nous avons sorti notre premier album en algérie “aalmi aalmek” (je n’en sais pas plus…) en janvier 2002, enregistré dans les studios d une -ssociation qui s’appelle”les jardins modernes ” à rennes
tout à commencé à alger par ma rencontre avec zak qui était à la recherche d’un rappeur en langue arabe (dardja bien sûr), lui même s’exprimant plus en français derrière le micro: il cherchait en quelque sorte à concrétiser son concept d’un rap “mixte” , ou ambivalent entre bled et ghorba. a peine quelques mois après le début de notre collaboration nous avons eu le plaisir de rencontrer à alger un monsieur qui était le président d une -ssociation française nommée: “mouvement de la paix” et qui était en mission de prospection au bled pour trouver des artistes dans tous les domaines (peinture, théâtre, littérature, chant chorales et musiques modernes) afin de les produire sur scène, au cours d’exposition et autres débats. on l a donc rencontré et tout de suite, nous, lui ayant fait écouter quelques maquettes faites à l’arrache, et lui, nous ayant expliqué son projet de réunir tous ces artistes lors d’une quinzaine placée sous le thème de l’algérie et de la pluralité de ses expressions, qui se déroulerait à rennes, on a convenu de garder le contact et finalement quelques mois plus tard ils nous ont proposé de venir en france pour un concert. de plus, il était prévu que certaines structures s’occupe de notre album (aalmi aalmek) en échange de prestations scéniques au cours de festivals ( sur rennes et ses environs)
nous avons accepté, c’était une opportunité à saisir, un album 100% financé et produit avec du matos professionnel, en plus des scènes en france…que demander de plus. on s est retrouvé en première partie de groupes comme gnawa diffusion, l’onb et -ss-ssins au festival des quartiers d’été de rennes, ou encore celle de kerry james au festival de hip hop de nantes…
parallèlement à ça, et parce qu’après l’enregistrement de l’album et entre les diverses dates, on avait un peu de temps, on en a profité pour tisser des liens et signer quelques collaboration avec des groupes du bled (par exemple avec mbs et youcef darkman l’ex-membre du groupe intik on a fait “moussika dziria” qui est, si je ne m’abuse, sorti sur un des albums solo de rabah mbs; y a eu aussi des trucs que personne n a jamais écouter comme un remix de “ça c’est du rap algérien” -un t-tre amh- avec mbs…etc) enfin, et avant qu’on ne puisse commencer un second album, zak a du s’exiler au canada, puisqu’une procédure de visa d’immigration qu’il avait entamé quelques années auparavant s’était finalement soldée par un succès! a partir de là, ayant moi même décidé qu’il faisait bon vivre dans ce pays si accueillant (rires…) où on retrouve aujourd’hui un grand nombre d’artistes algériens (la liste est longue, tous styles confondus); il a fallu d’abord me stabiliser avant de commencer à taffer sur mon album solo.”

– mehdi.b (r.a) : «dis mois pourquoi mamooth ? »
rires…
– mamooth : « a l’époque zak était surnommé nicky larson, et moi mamooth son compère, j’ai gardé ce surnom…en fait y a plein de raisons et on m appelle aussi beaucoup khalil amh ! »

– mehdi.b (r.a) : « parlons du t-tre man habche (traduction : je n’aime pas) que tu as fais en collaboration de dey med d’mbs, et que je trouve personnellement superbe !! le flow des paroles en harmonie avec le fond sonore, le mélange des propos sérieux avec une touche d’humour, j’adore !! »

– mamooth: « merci !!(l’air ému il continu…) c’est le genre de t-tre qui ,je crois, témoigne de toute une époque; c’est le genre de truc qu’on aime: qu’on retrouve dans un morceau toute la complexité de notre tempérament nous les algériens: dire ce qu’on aime pas ! et tu vois c’est vrai que dans le rap français c’est un truc cl-ssique: y a un morceau de diam s avec un autre rappeur qui s’appelle “j aime pas”, y a aussi le rat luciano avec le célèbre “on haît” etc… et donc le défi c était vraiment d’adapter ce concept à notre vécu pour montrer peut être une des manières possibles de s’inspirer de ce qui se p-sse ailleurs, s’en inspirer sans pomper le contenu : c est un peu pour ça qu on a choisit une face b de dj cut k!ller et aussi pour ça et pour son contenu dangereux qu’on a préféré le laisser circuler librement entre les mains de notre cher public (rires…) »

– mehdi.b (r.a) : «quelques paroles parlent de l’époque fin années 80 comme je cite ; “man habche chadli, les film m-sser chortie makhfi-, etc”…. c’est de la nostalgie ?»

– mamooth: « on ne peut pas parler de nostalgie quand je dis man habche, on va dire que cette époque était moins pire que celle qui la suit, . en plus ce que je dis c’est du vécu, tous les algériens te le confirmeront, personne n’aime la politique… beaucoup sont blasés des partis qui ne font d’opposition à rien ni à personne, l’état du tissus -ssociatif n’a jamais été aussi alarmant, la corruption bat son plein etc… et même pour el chorti el makhfi, c’est toujours d’actualité, puisque aujourd’hui à alger tout le monde met la ceinture sinon c’est retrait du permis et y a toujours un pet-t motard a l affût juste “mour” (derrière) el virage! ha ha ha! tu vois y a toujours moyens chez nous de p-sser du rire aux larmes, du coq à l’âne et vice versa… c’est ça notre vécu, t’est d’accord ?»

– mehdi.b (r.a) : « tout à fait! tu comptes le sortir en algérie ?»

– mamooth : « hors de question, il serait censuré de suite, j’ai repris le même principe dans un des morceaux sur l’album qui arrive, mais avec d’autres paroles moins hard »

– mehdi.b (r.a) : « une version light? »
rires…

-mamooth :« oui si tu veux, en fait une version plus perso mais toujours avec des références indiscutables et derrière un engagement plus vigilant,car je ne supporterais pas qu’on s’en prenne aux miens, tu le sais aussi bien que moi, ici en france ce sont les amendes, là-bas c’est la prison (ou pire) , il faut faire dans le subversif et le fait que la version hard circule librement sur le net ça lui donne peut être plus de sens (s il fallait parler d’engagement) et plus de force! »

– mehdi.b (r.a) : « tu deviens politiquement correcte ?»

– mamooth : « politiquement correct ?? (moment d’hésitation..) plutôt politiquement complexe ! tu sais, j’entends beaucoup parler des éditeurs, de la technologie qui nous manque au bled (dans les studios par ex.) et des animateurs télé ou radio; mais en fait ce qui a fait le rap algérien c est pas les éditeurs; même au contraire; je crois que ce qui a fait le rap : c est la promo, la pub et donc l’argent (reglo ouala tchipa: l argent ou khl-ss) bref, il faut s exposer; se faire remarquer, faire monter le buzz et si tu n’est pas numéro un dans le catalogue de ton éditeur, ne compte pas sur lui pour te placer ou se déplacer pour ta gueule: aujourd’hui il faut tout faire toi même. pour p-sser à la radio, il faut des paroles irréprochables et son propre style (pas indispensable mais c’est mieux); en plus, quand t’as devant toi des animateurs (journalistes pour certains) qui travaillent dans des conditions “digoul-sses” et pour une misère, ça donne pas envie de leur faire risquer le pain de leur enfants; et de toute façon, ils s’autocensurent et quelque part comment leur en vouloir ?
enfin, pour p-sser une fois f e radio el bahdja c’est possible, mais c’est pas ce qui va te rendre célèbre ,les gens oublient et donc il faut p-sser en boucle f’el bahdja , autrement dit devenir le souci no 1 du programmateur…
autre chose, pour ceux qui pensent que je parle de radio comme ça ; il faut savoir que l’exploitation publique des oeuvres est le premier papier que demande l’onda pour l’adhésion d’un artiste : c’est soit un t-tre qui est p-ssé une fois au moins sur les ondes ou bien direct un produit déjà signé et exploité par un éditeur, ce qui sous entend un contrat et pour un jeune qui galère avec les éditeurs, un premier contrat crois moi c’est pas rien ! donc pour conclure je dirais qu’aujourd’hui il faut tout faire soi même et qu’il faut être capable de tout faire: du correct jusqu’à l’incorrect, a mon humble avis, la première qualité d’un mc c’est de s’adapter à tous les contextes : en gros , il faut être complet quoi ! »

– mehdi.b (r.a) : « tous les chanteurs ou les groupes de rap ont pour sujet le dégoût du système et de la politique algérienne, est-ce que c’est devenu un fond de commerce, ou une nécessité d’expression après les années noirs du terrorisme ? »

– mamooth: « fond de commerce ?…. tu y vas un peu fort ! je dirais même plus, je pense que ça en arrangerait plus d’un s’il suffisait de parler de politique et de terrorisme pour que son rap marche ou qu’il ait des chances de marcher… je pense que c est pas si simple! en même temps, c’est vrai que chez nous ya kho y aura toujours des choses à dire, pas juste sur 10 ans de terrorisme mais de l’ avant et de l’après terrorisme: comment ça c’est p-ssé et comment ça c’est terminé puisqu’ils disent que c’est fini; il faut parler du fait qu’une fois qu’on a pardonné une injustice on en a permis un bon nombre à côté (même sans forcément le vouloir- si tu pardonnes un truc à l’un de tes fils il faut s’attendre à ce que l’autre vienne un jour réclamer la même faveur); donc je crois que la nécessité d’expression ne doit pas nuire à l’effort d’-n-lyse et à la personnalité de notre rap . »

– mehdi.b (r.a): « vous avez enregistré un t-tre avec lotfi de double kanon, hommage sghir, comment c’est faite cette rencontre »

-mamooth: « lorsque lotfi était sur paris, il avait pris contact avec mbs qu’il connaissait depuis ses débuts en algérie, lors de sa venue au studio on a fait connaissance, il a écouté quelques unes de mes maquettes, il a bien aimé on a discuté , ensuite y’a eu un concert au cabaret sauvage qui a réuni pas mal de groupe de rap algérien puis y’a eu plusieurs morceaux dont “hommage sghir”»

– mehdi.b (r.a) : « que penses-tu de la rivalité existante entre les groupes de rap? penses-tu que c’est bénéfique pour le rap et le hip-hop algérien »

-mamooth: « si tu parles de “la compét-tion”, elle est bénéfique si elle est entre chanteurs qui ont plus ou moins le même niveau et les mêmes moyens, car chacun peut apporter sa pierre à l’édifice ; un meilleur son, plus de recherche du point de vue “lyrikal”, des concerts réussis, des collaborations, etc… tout cela ne peut être que bénéfique pour le rap algérien

maintenant, si tu parles de la rivalité de certains groupes, qui insultent leur soit disant rivaux en citant leur nom ,dans l’objectif d’attirer l’attention et surtout par jalousie ; là, je pense en fait, que, faire de la promo à son ennemi c’est idiot, parce que c’est comme lui donner de l’argent, lui faire de la pub ! certes la critique, c’est un style; la vulgarité ça peut en être un; personnellement -à part avec des amis intimes et dans des situations exceptionnelles (rires…)- je peux pas être vulgaire et faire écouter ça à mon pet-t frère, j peux pas me permettre parce que ça la fout mal avec la famille et comme le rap algérien pour moi c’est une grande famille je pense pas lui être utile et bénéfique en empruntant cette voie. pour un autre ça doit être pareil, en tout cas j’en connais pas beaucoup qui rêvent de décevoir leur famille ! »

– mehdi.b (r.a) : « toi, intik, mbs, hamma, et un certain moment lotfi de double kanon, vous vivez en france, penses tu qu’on puisse chanter l’algérie alors que vous êtes ici en france ? »

-mamooth: « ouais, normal !! dans ma banlieue taa el youm j me sens comme au bled! ha ha ! même les flics savent dire salam ! non sérieux, on perd pas le contact avec le pays ! puis le fait est qu’avec l’éloignement quand je rentre au bled après une année d’absence ma sensibilité et ma perception des choses sont plus affûtées; j’observe mieux et plus de choses qu’en étant plongé dans le quotidien des rues de ma ville natale: alger la blanche
quand j’y vais: j’observe, je veux écrire mais je bloque,en fait j’observe sans voir et dès que je reviens en france, je me lâche !! les mots et les expressions viennent tout seuls et là je me souviens ouahed les trucs ! tiens comme par exemple que les algériens peuvent vivre privés de beaucoup de choses mais pas des services de la tele par satellite et que tu t’imagines certains de nos chers compatriotes n’ont pas hésité à payer le prix lourd pour le “flaschage” de décodeur (jusqu’à 7 voir 8000 da! et plus- le plus marrant c’est quand on t’explique au bled qu’il y avait la chaîne et qu au bout un technicien branche le décodeur à son pc, il appuie sur un bouton et voilà, après être p-ssé à la caisse c’est bon, ça marche tps est de retour- 8 000 da pour un pt-t programme!!!) (celle là j vais bientôt la mettre dans un texte)(rires et pleurs…); tu vois des trucs simples comme les combats de moutons où des sommes astronomiques sont gagnées , perdues… bref, toutes ces pet-tes choses je ne vois l’intérêt de les mettre sur du papier qu’une fois loin de chez moi, parce que je crois que c’est avec le recul que je trouve le fil conducteur entre tous ces détails et le contexte général . »

– mehdi.b (r.a) : « programme à venir »

– mamooth: « la sortie de mon album solo coté noor coté noir qui est pour bientôt incha allah, je peux déjà te dire que ça sera en autoprod., et distribuée en algérie par un éditeur local -dont je donnerais le nom en temps voulu,puisqu’en pleines discussions encore- bref la date de sortie est prévue pour début juillet à tout c-sser et si dieu le veut! une mixtape en collaboration avec d’autres chanteurs dont taaryk et mbs et pourquoi pas des chanteurs français… et l’album de taaryk aussi !! qui est un jeune plein de talent, qui mérite d’être connu. »

– mehdi.b (r.a) : « merci kho, j’attends avec impatience la sortie de ton album »

– mamooth: « incha allah tu ne seras pas déçus »

le 20/05/2005

- mehdi b de rap algerien com

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