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letra de je suis - kamai

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je suis loin de la france vercingétorix
marine le pen ouvre la bouche, et ma france y verse un jet torride
je suis les différences devenues un « je » pluriel
leur jeu féroce, on s’en tape : ce sont tes morts que je pleurais hier
la poudrière prend forme, ça va sans dire
alors même si j’te déclare ma flamme, est-ce qu’on esquivera l’incendie ?
vu qu’les charognes charrient : « le 11, y’a pas eu beaucoup d’arabes »
le 11, y’a pas eu beaucoup d’charlie contre boko haram
je suis ce combat cond-mné au silence au congo
six millions de morts, c’est mignon tes larmes au compte-gouttes
et qu’on n’doute pas qu’l’ignorance est un choix
je suis cette swati rescapée d’un headshot qui apprend avec joie
un citoyen du monde qui se demande
« en quoi la faim se justifie quand c’est pas les moyens qui manquent ? »
et j’m’en cogne qu’on boude mes palabres
je suis ce rap qui se conjugue à l’école, cher comte de bouderbala
je suis la voie du scribe
j’me balade de balafre en balafre, pas grave : ma plume a faim d’escrime
par-ci : parades, par là : esquives
et parce qu’on joue plus qu’un simple rôle, je suis peut-être la fin de leur script
je suis l’évolution qui arrive mais je ne suis pas darwin
padawan daweed, aurais-je la force d’être raïf badawi ?
oui, j’me sens concerné quand tu dis « et si on »
je suis ce sang impur qui a défendu tes sillons
jamais le lion n’abdiquera
y’a pas de hiérarchie dans le racisme
ma plume indiquerait même sa route à la licra
et bien que la bicrave pourrisse nos cités
je suis ces banlieusards diplômés qu’les médias oublieront d’citer
c’est lourd
les oiseaux de mauvais augure me débectent
en parlant de ça, où est le bec d’éric zemmour ?
je suis ni du côté du bien, ni du côté du mal
je suis ce flic, ce frère, ce fils, ce père, cette pierre tombale

je suis comme tout autre religion : vidée de sens
elle est inévitable la crise de foi quand les prêcheurs sont ivres de sang
et si j’ressens l’besoin du vivre-ensemble
c’est qu’l’avenir était mieux avant
avant quoi ? avant que le vide ne lui ressemble
je suis ce môme en palestine
qui vit au jour au jour
la guerre me tient en joue
pendant qu’là-bas ils jouent et parlent de sk!lls
et j’aurai pas l’estime des grands d’ce monde 30 secondes
tant pis, t’façon plus les sourires sont grands et plus les dents sont longues
ma tension monte et accentue mes symptômes
je suis ce monde atteint du syndrome monsanto
le sens-tu, ça empeste ici
j’persiste et signe, je suis ce futur possible sans pesticides
et si l’onu ne fait pas l’aumône aux pauvres
c’est bien que la paix est un business de plus dont on s’-ssure le monopole
« c’est ça ou rien » disent-ils
dites-leur qu’je suis les droits de l’homme
pas les conseils que les tortionnaires saoudiens distillent
bien sûr que trop d’entre eux ne craignent rien
bien sûr qu’je sens l’odeur de mort au kremlin
je suis l’holodomor ukrainien
bien sûr qu’jamais aucun drapeau ne fera qu’ma raison penche
bien sûr qu’je noircirai toujours le tableau de la maison blanche
je suis l’unité qui ne lâche pas
et là j’parle bien au-delà des tweets et des likes
bien au-delà des hashtags
pourquoi j’vois les marchands d’armes qui s’affolent, à chaque fois
ils sèment le vent quand ils signent la vente des rafales dont tous raffolent
je suis chaque corps dans la méditerranée
peu importe c’qu’ils disent, ouais, peu importe s’ils préfèrent médire toute l’année
est-ce que chaque plaie est guérissable ? hein ?
dis-moi, est-ce qu’un seul chapelet suffirait pour prier chaque mort de garissa ?
mes gars le savent, et c’est triste
la solidarité mondiale n’est que comp-ssion sélective
l’objectif, c’est qu’un jour la presse t-tre :
« je suis beyrouth. je suis palmyre. je suis le sahel. je suis tunis
je suis sousse, damas, benghazi et bagdad
madagascar, alger, kaboul, islamabad. »
je suis paris autant qu’je suis alep
alors dis-moi leur monde peut-il ignorer encore longtemps le monde qui crie à l’aide ?

non, et j’me fous bien de qui est l’autre
la mort des siens ne compte pas moins que celle des miens et celle des vôtres
rien n’nous sépare, malgré les apparences
et ce n’sont pas des années d’guerre qui justifieront l’indifférence
en france, est-ce là toute la limite de l’empathie ?
un p-sseport, une culture, un drapeau, une patrie
je suis plus qu’un chrétien, plus qu’un musulman, plus qu’un juif
plus qu’un athée, plus qu’un état laïc et plus qu’une république

je suis ce message d’amour même en temps d’guerre

“le silence d’un prisonnier inconnu, abandonné aux humiliations à l’autre bout du monde, suffit à retirer l’écrivain de l’exil, chaque fois du moins qu’il parvient, au milieu des privilèges de la liberté, à ne pas oublier ce silence et à le relayer pour le faire retentir par les moyens de l’art.”

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