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letra de ma mère - spoke orkestra

mère, tu dis que père a transformé ton paradis en enfer
mère, tu te plains, tu dis que père a un cœur de pierre
chère mère, tu te plains quand tu peux parler, tu peux parler quand tes lèvres sont désenflées, et que les ecchymoses sur ton visage, se sont estompées
oui maman, notre vie s’embourbe dans une pâte visqueuse de terreur et de violence
oui maman, ton mari, ivre porc te frappait jusqu’au sang pour que tu admette qu’être tombé sur lui était une chance
un jour un vieillard m’a dit que l’amour était une maladie contagieuse
mère, si tu aimes père, je préfère encore avoir la fièvre aphteuse
de toutes manières, ici, cette maladie est aussi rare qu’une rose bleue dans le désert
ce qu’on s’injecte c’est la souffrance, et on se sur-contamine dans notre misère
misère affective, cœurs comprimés qui se privent
c’est la mort de notre être qui nous anime, il ne nous reste que notre salive
alors on bave, on crache, on racle
alors on bave, on crache, on racle

comme chaque année, la fête des mères, on va célébrer
père ne sera pas là, probablement dans une imp-sse en train de cuvée
comme chaque année, je ne t’offrirais rien
tu diras au frangin et à moi que tu nous aime, on répondra : « ouais, c’est bien »
ce n’est pas de notre faute, madre, c’est la vie qui nous a écorchée
tu n’es pas coupable, madre, tu es victime, mais le frangin et moi, tu nous a quasiment tué
comme tous les ans, tu me demanderas d’ôter mon sweat et mon t-shirt
et tu commenteras les traces de coups de ceinture que tu m’as infligé pour punir mes première branlettes et mes flirts
oui, tu regrettes, tu n’étais pas bien, tu n’étais pas toi-même
moi aussi je regrette, ces marques sur ma chair font partie de moi-même
je suis comme toi mama, un handicapé
un connard m’a dit que seule une femme pouvait me soigner
papa ne t’as pas soigné, une femelle ne me sauvera pas
papa t’as amputé, l’amour lui me tuera
tu ne m’as jamais donné ce dont j’avais le plus besoin
avec un chouia de sentiments, tous ces coups auraient été comme une pet-te rature sur un parchemin
c’est en grande partie pour ça maman, que lorsque je m’endors seul, je pleure des rivières de sel
c’est aussi pour ça maman, que mon cœur est mort, qu’il sent le moisi et les vieilles poubelles
alors quand tu me demanderas : « mon fils, aimes-tu ta mère ? »
comme tous les ans, je chuchoterais à ton oreille : « joker »…

- spoke orkestra

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