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letra de lettre à ma mère - rost

[intro]
à tous ceux qu’ont grandi loin d’un père et d’une mère (ouais ouais)
tous ceux qu’ont tant souffert du manque d’amour parental
(spéciale dédicace)
spéciale dédicace (eh ouais)
p’tite pensée pour vous, nous tous

[couplet 1]
salut maman, shalom salam
après tout peu importent les termes
c’est ton fils fofo
permets-moi d’te dresser ces quelques mots maman
depuis ce 3 mai 76 où je vis le jour
eh ouais maman, que l’temps passe, déjà vingt-sept ans
j’me rappelle, enfant déjà
lorsque nous vivions sur la terre-mère, le togo
les temps étaient déjà rudes
mais passais ton temps à t’occuper d’nous
ainsi qu’des autres, jusqu’au jour où
papa perdit son taf
soudain, c’est la merde maman
les soi-disant amis s’faisant rares autour de toi
de jour en jour, de moins en moins à boire et à manger
et pour couronner l’tout, le p’tit frère venait d’naître
dans ce danger, quatre enfants à charge
et donc obligée d’vendre des beignets au bord d’la rue
pour quelques grains d’riz dans nos assiettes
parfois un, deux, trois, quatre jours de carême forcé
faute d’achat de ces fameux beignets, ouais
mais toujours fière, tête haute et digne
affronte avec bravoure toutes ces épreuves, ouais
déjà p’tit, j’avais mal au fond de moi
d’te voir souffrir tant maman
jusqu’à ce jour où notre souffrance atteint son paroxysme
dis-moi maman, lorsque nous nous retrouvions séparés maman
dis-moi maman, pourquoi ce placement?
pourquoi cette trahison, pourquoi cette séparation maman?
c’est pour toi mon fils, pour qu’tu puisses manger à ta faim, boire à ta soif
mais j’m’en fous maman
j’préfère mourir de faim près de toi
plutôt qu’de vivre le ventre plein loin de toi maman
excuse-moi mon fils, nous n’avions pas l’choix
c’est pour ton bien, même tes frères partiront bientôt chez tes oncles
tu sais maman, quand j’étais là-bas
chaque jour j’flânais, errais dans les rues
attendant qu’sonne l’heure de mon retour
souvent seul dans mon coin avec ce refuge d’espoir d’un meilleur lendemain
et puis au fond de moi, j’savais qu’t’étais une femme forte
digne mais souffrant de cette situation
l’autre jour, j’ai appris qu’papa est parti tenter sa chance à paris
que dieu l’protège, et fasse en sorte qu’il s’en sorte maman
des années sont passées, et ce matin
j’ai appris aussi qu’tu viens d’t’envoler rejoindre papa à paris
au fond d’mon cœur (ouais ouais)
petit à p’tit, le ciel s’éclaircit
je sens qu’bientôt, c’est la fin de notre séparation maman
balayant ainsi
ma compassion d’une vie amère, triste, remplie de rage
ce 3 septembre 87 efface à tout jamais
les grisailles de mes jours sombres remplis d’orage
l’impression que mes tant d’prières
atteignent enfin les cieux
la récompense d’une vie pieuse, enfuie
tant d’ravages causés par ces dures tempêtes
de solitude qu’on tente d’abréger
mes courts instants auprès d’toi maman
(ouais ouais)
même si notre vie ici est pas du luxe maman
on est tous à nouveau réunis
en plus, la famille s’est agrandie
chaque jour j’prie le ciel
pour qu’le tout-puissant te garde en vie, te protège (maman)
me prête main-forte et fasse en sorte que j’m’en sorte
afin d’t’offrir un peu d’bonheur avant qu’les anges t’emportent
eh ouais maman, c’est pour toi maman, ouais
c’est ton fils fofo
au nom de tous, tous, tous, tous
[outro]
tant d’solitude (ouais ouais)
tant d’amertume
tant d’tristesse
tant d’compassion
loin d’un père et d’une mère
dédicacé à tous

- rost

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