letra de sang - rochdi
j’suis mort à bilbéis en l’an 1200
et les déchus se relèveront dans un fleuve de sang
mes dorsaux encaissent l’avalanche
des louveteaux affamés lèchent le bout de mes phalanges
l’aiguille d’une seringue remplie d’insuline
en 1647, j’étais au couvent des ursulines
j’ai connu l’inquiétude et l’acédie
j’étais dans l’armée de pillards envoyée à rome par placidie
des démons sournois, autour de mon crâne tournoient, j’bois
que du rhum, la vodka est trop légère pour moi…
verte est la fée, parce que j’y ai cru: yahvé l’a fait
le rappeur le plus belliqueux
j’écris des rimes sales avec de la salive sur la queue
la lumière de la caverne n’est pas la vraie
juste une parole de plus et je le balafrai
j’redeviens l’homme que j’étais il y a 2 000 ans
à chaque crépuscule, j’ai juste à pr-noncer une phrase
et mon ennemi deviendra minuscule
j’ai vu une femme sans tête, une diablesse avec un masque vénitien
un chat de gouttières le sourire aux lèvres
j’ai vu un homme se transformer en chien
j’ai aboyé au milieu des loups…
dieu entend celui qui le loue
j’ai tellement crié, des rimes noires, du goudron dans mon encrier
c’est dans les flammes que je m’en vais griller
j’ai égorgé l’ennemi parce qu’il avait tort
tapis dans l’ombre comme le minotaure
triste est le bilan, je suis mort il y a 2 000 ans
j’ai le vice de narcisse, j’renonce à la catharsis
j’pleure des larmes amères, le roi des hommes est mort devant sa mère
une sève nouvelle coule dans mes artères
et j’écris, chacune de mes rimes avec une aiguille que j’ai trempée
dans un mélange de sang et d’urine
le virus circule dans chacune de mes particules, j’articule…
et pourtant ils ne me comprennent pas
j’arriverai à mes fins, qu’importe les moyens
quitte à faire couler le sang comme les spartiates et les troyens
un glaive royal dans un étui en fer
la meilleure vue sur dieu est depuis l’enfer
des stigmates sanglants sur les paumes
évadé du bagne, “t.f” gravé sur l’épaule
égorgé par mon rival, du sang d’porc à coulé sur mon col
laisse moi airé seul dans la steppe mongole
et dans l’feu elle avalera leur haine, l’haleine de la mort une balle
perdue vient s’loger dans l’aine
égaré en pleine mer avec une gourde vide
immoler 130 taureaux en l’honneur de ma courte vie
sacrifier aux dieux sa fille aînée et son neveu
une armée d’mangeurs de serpent, fascinés par le feu
vomir bruyamment les braises qui brûlent en toi
j’étais ivre même à jeun… la tentation d’ saint-antoine
un rameau de laurier dérobé aux muses d’hésiode
aucuns de vos spad-ssins ne m’impressionne…
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