letra de amen - manu militari
[verse 1]
il disait v’nir du ghetto, il v’nait des bas-fonds d’saint-lau
boulevard côte-vertu, à quelques coins d’rue du métro
une mère toujours au travail, un père décèdé
il s’tait parti une run de mesc, coupait lui-même le pcp
toujours à l’arcade, c’tait l’époque du taxage
l’époque des pieds dans slush, on connaissait rien d’la plage
empreinte sur arrêt d’bus, sac de papier bouteille
on s’prenait pour des hommes parc’qu on effrayait les vieilles
la vie d’vant nous on voyait rien, on haïssait tout
chaque jour il m’disait qu’les races nous envahissaient
il faisait chaud, même par temps d’hiver glacial
haine aveugle tempête de tensions raciales
t’apprends vite pourquoi qu’tes ennemis portent une ceinture
quand ton sang p-sse à l’école, murs pic-sso peinture
la haine devient spirale, pis tu vois tout en noir
en sortant d l’hôpital, mon chum voyait tout en neg
[refrain]
on déteste le voisin on vit dans des cages à poule
on s’convainc qu’tout va bien quand on s’compare à kaboul
on grandit dans la haine, la frustration, la peur
qu’la vie s’manifeste pour qu’ces pulsations-là meurent
amen
[verse 2]
fini l’enfance, fini les années quatre-vingt
c’tait l’époque des viets contre les cambodgiens
arabes contre loco, tout l’monde contre premier d’la cl-sse
l’époque où dans l’métro tu t’faisais buster ta p-sse
les quebs s’backaient pas, les autres s’pointaient à trente
on tremblait d’y penser l’ventre noué par deux milles crampes
la rage tenait l’volant, normal que rien allait bien
mais un jour j’sais pas comment, j’ai rencontré un arménien
comme dans un plan du destin déjà programmé
j’me suis ouvert aux autres, mon chum s’ouvrait aux croix gammées
on s’est quitté pis r’concillié pour une millième
fois, mais y’a flippé quand y’a su qu’j’tais avec une tunisienne
ses frères à elle pareil, son père ses 3 000 cousins
même elle -ssumait pas, j’tais trop blanc ou trop chrétien
bref mon chum m’a dit gros t’es wack, t’oublie les tiens
j’lai laissé d’vant son appart, il m’a fait l’salut hitlérien
[refrain]
on déteste le voisin on vit dans des cages à poule
on s’convainc qu’tout va bien quand on s’compare à kaboul
on grandit dans la haine, la frustration, la peur
qu’la vie s’manifeste pour qu’ces pulsations-là meurent
amen
[verse 3]
l’image de sa nouvelle vie m’avait laissé sous l’choc
tatouage n-z-, redressements -ssis, push-up
c’tait l’retour d’la mode hippie, lui y s’tait coupé les ch’veux
y’avait tellement l’mal de vivre, j’ai eu peur y’aurait pu nous shooter les deux
j’ai pris mes jambes à mon cou, j’lai jamais r’vu
paraît qu’l’afrique y’aurait p-ssé d’ssus
sûrement d’quoi l’conforter dans son rôle de victime
défiguré après avoir embr-ssé une vitrine
j’aurais voulu y dire qu’ses arguments valent pas d’la marde
qu’il s’imagine c’que c’est qu’d’être muslim à hochelaga
que l’racisme y en a d’tous les bords, que c’est l’refuge des faibles
que personne a tous les tords, mais qu’les souris accusent les aigles
[refrain]
on déteste le voisin on vit dans des cages à poule
on s’convainc qu’tout va bien quand on s’compare à kaboul
on grandit dans la haine, la frustration, la peur
qu’la vie s’manifeste pour qu’ces pulsations-là meurent
amen
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