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letra de un soir de semaine (épisode 2) - lynda lemay

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c’était un soir de semaine, un soir de s’maine et d’caféine
un soir où ta chaise et la mienne étaient voisines
c’était au rendez-vous des âmes abîmées
sous des néons bègues, gênés par la fumée

c’était le soir, huit heures, au sous-sol de l’église
là où les cœurs tour à tour faisaient un strip-tease
c’était au cœur d’un regroupement de grands blessés
là où les pleurs se donnent le droit d’éclabousser

c’était le soir et dieu, à l’étage du d’ssus
dans son sommeil du juste n’a rien entendu
c’était le soir quand nous nous sommes mis à nu
quand nos tristes histoires se sont reconnues

c’était un soir d’orage, un soir d’après rechute
un de ces soirs où certains poignets se charcutent
je m’en foutais qu’tu sois obèse, que tu sois brute
tu t’en foutais que j’sois mauvaise, que je sois pute

c’était un soir, un soir de s’maine et d’nicotine
j’avais l’weekend encore tout chaud dans les narines
c’était au carrefour des écorchés anonymes
là où l’on partage un mal de vivre unanime

on était tous des frères de sang et d’cafés tièdes
rassemblés chez notre vieille mère : le besoin d’aide
nous deux n’avions pas de crochus que nos atomes
et de vider pas que nos verres en « stirophone » ?

c’était le soir et dieu à l’étage du d’ssus
malgré l’invitation n’est jamais descendu
j’suis pas certaine mais j’crois que nos confessions tordues
l’auraient laissé de marbre et froid comme sa statue

c’était un soir, un soir de s’maine et de pleine lune
un soir où ta chaise et la mienne ne faisaient qu’une
j’m’en foutais que tes gros bras soient tout tatoués
tu t’en foutais que mes p’tits bras soient tout troués

c’était un soir qui aurait pu être le dernier
si les chaises avaient été autrement placées
au fond peut-être que dieu était passé plus tôt
p’t’être que c’est lui qui avait écrit le scénario

c’tait pas exactement c’qu’on appelle un mariage
mais quand l’clocher s’est fait foudroyer dans l’orage
on a vu les néons toussoter puis s’éteindre
et nous en avons profité pour nous étreindre

c’tait pas exactement c’qu’on appelle un coup d’foudre
t’étais pas là pour j’ter à mes yeux plus de poudre
j’ignorais qu’ça s’pouvait que l’amour se développe
quand on a sali tout c’qu’on avait d’amour propre

ca s’est passé tout près d’un tiroir à soutane
ca s’est passé grâce à deux chaises et à une panne
a la lueur des flammes d’une dizaine de briquets
y avait qu’entre nous deux que le courant passait

nous sommes sortis comme deux aveugles sans leur canne
j’t’ai évité à v’nir siroter une tisane
la tempête faisait rage, il tombait des gros clous
nous avons traversé l’orage, bras d’ssus, bras d’ssous

letras aleatórias

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