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letra de la survenante - loco locass

primo, j’rotoculte l’immémorial culte des vivants
j’m’allonge le soir, plus de longe, j’longe la nuit
j’plonge dans l’eau noire des songes puis
j’renais au soleil levant
j’extrais de ma chair ignée une livre de mots sanguinolents
les linéaments de queq’chose de très grand
si je prends mon temps
c’pas encore le temps pour le chant du dire-dire, respire
la liqueur de dan danis me monte à la tête
j’ris car quand j’ai la folie des auteurs
je replonge au cœur de mon cœur de pierre philosophale
qui transm-te en gemmes et en opales
ma rage de fer, ma peur soufrière
me mute à l’étape ultérieure à mon secteur primaire

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte
inonde mon 8½ par 11

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte

deuzio, si j’fais, j’blesse la faiblesse
ça, c’est mon voto
gracile, avec du brute j’façonne du fragile
mes mains tournent autour d’un mot d’argile
écrire, c’est faire p-sser le chaos dans le chas d’une aiguille
tu vois le topo, style ?
je joue à roche, papier, stylo
habile, j’ai beau rien laisser au hasard, c’est quand même lui qui a le dernier mot, mais
cherche-moi pas au casino, tsé 6-4-9 c’pas dans mon réseau, mec
j’marmonne, j’mâchonne, j’ânnone, j’tâtonne, j’taponne pis j’t’harponne le mot-moi
qui pardonne l’anonymat
jalonne la chute avant que pour moi ne sonne le glas
yallah ! yallah ! comme dit abla, c’est ma charia
l’intime moi qui m’intime de toujours chanter sheila, ch’us là
j’affine le mouvement, j’dégrossis mes élans
j’ouvrage le courage de vivre, j’veux vivre pour en faire un plein-chant

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte
inonde mon 8½ par 11

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte

dans une chambre noire, j’planche sur une page blanche en permanence
tant je m’épanche, elle étanche
les mots me manquent, manque de peau pas manque de chance
manque de chair, pour faire la différence
délébile démarche du mort en marche, sans port d’attache
les noirs cro-ss-m-nts de l’angoisse tournoient dans un ciel de ouate
j’crache ma vaine peine capitale
comme sean penn, avec mon crayon
j’parle à susan sarandon
le fou à la nonne
dans un total abandon
sur la feuille écran de cette échographie
v’là qu’la lumière prend sur un corps qui fuit, qui fut
qui remonte remuant, lourd comme une ancre
un très vieux souvenir
un fossile blanc dans tout ce sang d’encre de chine
une eau-forte, l’enfance
qui suis-je ? d’où donc j’origine ?
ma vie p-ssée à poser sur ces questions des rustines
jusqu’à ce que justine se prenne dans notre pêche à fascines
tu vois, j’veux que dans tout c’que j’fais, tout c’que je dis
s’profile le visage d’un pays
mourir ou voir mademoiselle jaillir
bientôt sur ton sein, ma mie
pour l’heure en ton bain-marie
un p-ssager clandestin s’agite
il s’agit d’un sans-papiers, sans mémoire, sans désir
qu’un nom, une carte blanche, un don
un geste plein jusqu’à la coupe au creuset de tes hanches

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte
inonde mon 8½ par 11

dans un monde noir de mots
je cherche un mot noir de monde
mais y’a pas de mot juste un lait qui monte

silence. les flancs de la feuille enflent
tu es pleine de silence

- loco locass

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