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letra de ma logique - la moza

[couplet 1 – nemo]
depuis mes premières mesures, mon rap est de l’ordre de l’intime
il porte mes ressentis à travers une diction limpide
j’t’invite à réfléchir peut-être en posant sur un beat
j’vomis sur une récupération médiatique indigne
j’insiste, au fond comment j’pourrais entamer ce couplet
sans préciser qu’cette musique est importante à mes yeux ?
j’fais forcément partie d’ceux déçus d’la voir s’aseptiser
méprisée, elle reste un art que je m’acharne à maîtriser
éviter d’fouiller, signer des refrains pas trop compliqués
stratégie d’marché, à coup sûr les ados vont tripper
cette époque fait des ravages, pourras-tu flairer l’arnaque ?
musique en marge est devenue sonnerie téléchargeable
elle fait fantasmer les indé’ sur d’éventuels lingots d’or
dictature sonore sur les ondes, elle en ressort incolore
auto-formatage, nos futurs rappeurs sont conditionnés
salivent devant l’appât du gain, sûr que les yeux vont clignoter
cours dans le rap facile si tu veux absolument qu’on t’connaisse
le cliché grotesque reste un très bon fond d’commerce
sous l’profit, la place des revendications est étroite
sache qu’un groupe de rap devient très vite un groupe de droite
puisqu’il est dans l’air du temps d’vouloir à tout prix faire du chiffre
j’me contente de faire du rap qui frac-sse l’image réductrice
consensus et discours lisses ne sont pas dans mes objectifs
marketing hip-hop égale abrutiss-m-nt collectif
à ceux qui m’parlent comme s’ils détenaient la vérité
sachez qu’c’est la culture du doute qui m’pousse à rester précis
à définir chaque terme, à éclaircir mes idées
sans cet effort je sais qu’ma réflexion est rétrécie

[refrain – nemo]
c’est quoi l’rap ? autant d’définitions que de points de vue
le mien n’est pas étiquetable, il essaie de rester pointu
critique et intelligible
sans élitisme ni prosélytisme on bât-t notre édifice

[couplet 2 – nemo]
je rappe parce que j’existe, n’imagine pas l’contraire
le gène est p’t-être en moi, certainement transmis par mon père
’97, walkman à c-ssette, premier coup d’coeur
le rap français fait résonner ses couplets dans mes écouteurs
j’n’avais pas l’rôle du voyou, ni celui du p’t-t bourgeois
la rime est bonne, ça rebondit : ça c’est une musique pour moi
j’y ai placé ma souffrance, ma colère, mes coups d’pression
seul dans ma chambre, un stylo et une feuille quand tout s’effondre
premier disque entre les mains, j’captais pas tout mais j’comprenais
une intention contestataire, une émotion qu’il contenait
besoin d’comprendre les paroles, pas vraiment p-ssionné d’rap us
j’achète ma première face b pour cracher ma p-ssion du texte
porté par les mots, enfermé dans mon atmosphère
depuis, ces mots j’les colle sur des kicks et j’les agrafe aux snares
austère face au créneau où l’ego est surdimensionné
sombre et fragile, ok j’t’en donnerais plus qu’il n’en faudrait
ne connais rien du rap game et de ses codes, de ses normes
de ses clones, de ses ténors qui veulent empester l’or
alors me demande pas d’clasher, j’me bats -ssez contre moi-même
ma rime n’est pas celle qui nourrit les combats d’coqs dans les arènes
vas-y tu peux crier fort que tu nous mets tous à l’amende
trop d’orgueil pousse à la faute, moi j’ai beaucoup à apprendre
alors si t’as capté nos rimes, si t’as compris la rhétorique
évite de me caser trop vite dans tes putains d’catégories
tu veux savoir de quoi ça parle ? tu vas certainement flipper
aucun int-tulé, mon rap indéfini te parle d’humanité
chacun sa route, j’trace la mienne en faisant de mon mieux
cherchant la motiv’ chaque matin quand je sors de mon pieu

[refrain]

- la moza

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