letra de mes voisins - hippocampe fou
[couplet 1]
quand vient la nuit, à l’abri de la pluie
seul, -ssis, silencieux, je m’instruis
puis je cherche des rimes, les yeux dans l’vide, avec -ssiduité
j’entends des bruits suspects donc suspends mon activité
ça vient de chez mes voisins, il est minuit moins cinq
ça, c’est l’heure du câlin, j’crois qu’c’est bientôt la fin
j’colle mon oreille au mur en -n-lysant les gémiss-m-nts
il la prend frénétiquement, tout ça est très excitant
leur lit grince, j’aimerais m’y téléporter
je voudrais les regarder s’étreindre sans gêne et les border
j’aime ces symphonies quotidiennes qui viennent me réconforter
ça p-sse des blanches aux noires, aux croches, bref, ils remplissent des portées
ça résonne dans tout mon appart’, voire dans tout l’immeuble
à croire qu’ils veulent que tout l’monde en parle, ils font trembler mes meubles
c’n’est plus un coït, c’est une secousse sismique
une orgie de t-tans torrides, dommage qu’ils jouissent vite
[couplet 2]
elle voudrait la vie d’château, adopter un p’t-t chaton
elle a troqué ses baskets et ses sandales pour des chaussures à talons
il préfère glander en caleçon, s’comporter comme un p’t-t garçon
deux capitaines, un bateau, j’aperçois la grisaille qui plane sur leur salon
finie, l’idylle ensoleillée ; finies, les aspirations épicuriennes
j’entends l’tonnerre gronder plusieurs fois par semaine, suivi d’une pluie de reproches diluvienne
embourbés dans la routine, ils dépérissent, la vérité s’est remaquillée
ils aimeraient tant retourner le sablier, recoller les débris de rêves éparpillés
mais l’amour est -ssis dans un pet-t wagon dévalant des montagnes russes
aucune barre de sécurité ne peut le retenir, il suit le processus
et finit par s’envoler vers un ciel plus clément sans c-mulonimbus
je l’ai vu déserter pas mal de foyers, ceci n’est qu’une rupture de plus
[couplet 3]
tous les dimanches, il se réveille seul
il déambule en silence dans le plus simple appareil, seul
dans ce décor, quelques miroirs lui permettent de se sentir moins seul
il brûle encore dans l’étouffoir, on peut dire qu’il s’en tire bien seul
planté devant son frigo, il devient explorateur
en quête de restes qu’il engloutira tristement devant son écran d’ordinateur
il fume dans sa cuisine, fenêtres fermées, puis fixe d’un air dépité
la pet-te montagne de vaisselle sale qu’il a lentement érigée
un cœur d’occasion dans un corps sans p-ssion
les souvenirs d’une vie bien rangée dans un grand carton
une armoire à moitié vide, des placards à moitié pleins
une pile de guides des villes visitées quand, à deux, ils n’étaient qu’un
j’l’ai croisé dans l’escalier tout à l’heure, il m’a souri, soudain, son regard s’est éteint
il était là mais je savais pertinemment que, dans sa tête, il était loin
il refaisait le plein d’ébats de fous rires, de débats, de soupirs dont je fus témoin
revivant ces moments que le temps déteint, rembobinant avec soin le film avant la fin
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