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letra de tv - gaël faye

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[couplet 1]
même au fin fond de mon pet-t pays, je regardais ma lucarne
les convulsions du monde nous parvenaient comme un lointain vacarme
souvent la télé s’partageait avec l’ensemble du voisinage
la mondovision canapé transforme le globe en un village
les fractions d’imaginaires partageant tous la même doxa
roger milla en coupe du monde et le monde danse le makossa
la guerre du golfe de mister bush, avant fiston y’avait papa
et j’mattais le pillage des pipelines en bouffant mes papayes
nous étions tous les mêmes gamins rêvant d’entrer dans la dream team
malgré l’arceau dans mon jardin j’ai jamais vu patrick ewing
j’me suis accroché à des rêves souvent très loin d’mon quotidien
j’connaissais bien moins ma culture que le western hollywoodien
on pensait tenir aucun rôle dans le programme de leurs feuilletons
mais un jour en gaule à la baule y’a eu le discours de tonton
démocratie multipartisme, il fallait ranger les pistolets
comme rien n’est simple la guerre a éclaté, j’ai éteint ma télé

[refrain]
c’est cool… c’est cool…
ma jeunesse s’écoule…
c’est cool…
entre un mur qui tombe et deux tours qui s’écroulent

[couplet 2]
pendant qu’on s’débattait dans une fournaise
les autres nous regardaient -ssis en charentaises
à s’demander “y’a quoi à la télé ?
c’est quoi ces peuples qui crient à l’aide entre le fromage et le dessert ?”
l’humanité est plus fragile qu’une orchidée dans le désert
et quand le drame est bien trop grand, il se transforme en statistiques
et lady di a plus de poids qu’un million de morts en afrique
l’ignorance est moins mortelle que l’indifférence aux sanglots
les hommes sont des hommes pour les hommes et les loups ne sont que des chiots
alors on agonise en silence dans un cri sans écho
et même si la technique avance, elle ne changera pas la déco
on a grandi avec le poids de nos démons sur le roc des coteaux
alors donnez-nous des mots pour qu’on vous change la photo!
pour qu’on écrive à hauteur d’homme ce que la télé ne montre pas
les battements du cœur de mon âme est une info qui ne ment pas
j’venais d’afrique mais sans connaître kouchner et puis son sac de riz
j’ai débarqué un soir d’hiver ici avec mon sac de rimes

[refrain]

[couplet 3]
j’ai perdu mon jardin d’eden où je me nourrissais de mangues
je suis prisonnier de mes chaînes vu qu’ici la télé commande
j’l’ai rallumé dans un trois pièces de cet immeuble surchauffé
j’l’ai entretenue comme le feu parce que dehors j’me les congelais
loin dans mon exil, je zappe ceux qui ont pris ma place
et quand on joue sur leur terrain c’est souvent rare qu’on te remplace
j’fais une pause, le temps d’une pub coca cola
insérée entre un mur qui tombe et la sortie de mandela
on a vécu en continu, comme un flot d’informations
et j’me suis perdu dans ma rue, sous un amas de béton
les souvenirs de ma vie s’mélangent à toutes ces images diffusées
vivre hors champ d’la caméra c’est souvent ne pas exister
on nous gave d’images à satiété, de s-xe, de fric et de faucheuse
alors j’écris des textes comme un écho de nos vies silencieuses
sur leur écran on est des bouts d’pixels perdus dans la foule
et nos vies s’écoulent, coulent pendant qu’le monde s’écroule

[refrain]

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