letra de chap. 5.1: la vengeance (phoenix - le conte) - émilie simon
notre voiture s’arrête, nous voilà arrivés
je m’avance vers la porte du funeste café
de son regard bovin, c’est bien vlad qui m’accueille;
il ne se souvient pas, je le vois dans son œil
il me fait signe alors d’avancer dans la pièce
pleine d’être vivants, d’organismes terrestres
comme je suis encore à jeun, une soif me prend:
je ne l’écoute pas, concentrée sur mon plan
je m’installe à une table tout près du comptoir
où la belle lamia sans tarder vient me voir
elle semble étonnée, dans un geste de recul
elle dit “je vous connais?” elle cherche, elle calcule
j’aurais dû m’en douter, de ces trois scélérats
la moins bête de tous c’était bien lamia
mais son intelligence reste relative
et je me sens féroce et d’humeur créative
“impossible”, lui dis-je, “je viens d’emménager;
je ne suis pas d’ici. je voudrais commander.”
coupée dans son élan, elle lâche l’affaire
répond d’un air détaché: “qu’est-ce que je vous sers?”
je lui lance alors un regard froid à mon tour:
“un bl–dy mary” – j’ai toujours eu de l’humour
alors qu’elle s’éloigne préparer ma boisson
je vais vers le juke box, je choisis une chanson
là, c’est le conte qui pointe le bout de son nez
avec son beau costume… et sa montre dorée
“quelqu’un m’a dit que vous veniez d’emménager
bienvenue dans cette ville et dans notre café.”
j’ai déjà entendu ces paroles sirupeuses
je ne laisse rien paraître, je suis même chaleureuse
je comprends qu’il voit en moi une proie rêvée
je joue avec mes boucles, j’effleure sa main glacée
quand il me croit conquise et déjà prise au piège
lui vient une idée mais je connais son manège:
“et si nous allions tous à la fermeture
faire une promenade, un tour de voiture?”
j’accepte son offre, cela va sans dire
et je vois son orgueil, sa confiance grandir
en attendant l’heure, sur la piste de danse
je savoure, je jubile et j’entre même en transe
oh, il avait commis une bien belle erreur
en publiant comme ça sa photo tout à l’heure
cet arrogant était bien loin de se douter
qu’une de ses victimes pouvait le retrouver
il n’avait pas changé, j’étais une autre femme
il m’avait pris ma vie, il m’avait pris mon âme
il me monte un désir, un besoin animal:
remonter à la source, à l’origine du mal
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