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letra de votre cochon se couche - émile proulx-cloutier

[paroles de “votre cochon se couche”]

les pancartes vertes de l’autoroute comptent à rebours ma vie perdue
à scorer coûte que coûte
dedans mon propre but
sur mon dash des vieilles cassettes
toutes molles à force d’les écouter
une danseuse hawaïenne mal faite
pis une petite couette de cheveux de bébé

je croise plein de minivan-cercueils
remplis d’humains qui en arrachent
à obéir au doigt dans l’oeil
d’un beau complet veston-cravache
hey, tout au bout du tunnel
y’a un gros m jaune qui brille
allez donc tout manger de la marde de clown en famille
j’me lève avant l’hymne national
j’sors du motel la yeule hirsute
rien dans les poches, je pars comme une balle avec mon bonheur intérieur brut
le smile au vent, le feu au cul, je fonce sans regarder derrière
le soir, j’me criss d’où je suis rendu
mais j’oublie jamais ma prière

seize ans, cent ans, grosse ou taille fine
fiancée, veuve ou orpheline
j’ai fait mille fois le tour de la piste
j’sais toujours pas comment qu’on résiste
à la pulpe rose d’une lèvre riante
ni au duvet blond d’une cuisse impatiente

ben oui, mon corps butine ben oui, mon esprit bottine
j’ai déjà eu le kick pour une bonne soeur
j’ai une grosse-grosse-grosse capote sur le coeur
pourquoi l’amour s’en va?
moi, je donne ma langue au chat
pourquoi l’amour éclate?
moi, je donne ma langue aux chattes
bon yeu, dites au yâbe qu’il m’mette plus les pieds dans’ bouche
bon yeu, slaquez l’câble
bon yeu, dites au yâbe qu’il m’mette plus les pieds dans’ bouche
bon yeu, slaquez l’câble
votre cochon se couche

mon père, j’suis pu capable y’est ben trop dur de la feuille d’érable
mon frère parle tout le temps de lui, il va finir par se fouler le nombril
ma soeur de temps en temps joue du canif sur mon aorte
si t’avais pas sacré ton camp
maman serait peut-être pas morte

ha, la liberté, ça les écoeure, ça fait qu’i’m’rangent dans leurs petites cases
on le sait ben, pour toi, le bonheur c’t’une tignasse blonde pis une tank de gaz
moi, je revire de bord
pis je leur souhaite joyeuses fêtes
vous viendrez faire un tour dehors
mais qu’y fassent des portes larges comme vos têtes

bon yeu, dites au yâbe qu’il m’mette plus les pieds dans’ bouche
bon yeu, slaquez l’câble
bon yeu, dites au yâbe qu’il m’mette plus les pieds dans’ bouche
bon yeu, slaquez l’câble
votre cochon se couche
les objets dans le miroir sont plus près qu’ils ne paraissent
où c’est faut j’aille pour pu voir
les flashbacks qui me collent aux fesses
sur i’dash, la danseuse a peur
qu’un beau jour, je perde les pédales
mes cassettes, c’est des répondeurs pour quand j’ai le goût que quelqu’un m’parle
reste la couette de cheveux du petit gars

vu rien qu’une fois dans un berceau
quelque part au fond de l’arizona
j’parti en peur, les yeux dans l’eau
attention à nos enfants, ça pourrait être le vôtre
quand je lis ça, je me dis tout le temps
qu’à part lui, j’en ai peut-être d’autres

ça va être beau à mes funérailles
grand défilé de crocodiles
me semble les voir tout là qui braillent
en trois vers-m-nts faciles
la pancarte verte dit, “fin de la route”
mais tant qu’à moi, on s’en sacre
je m’en vas foncer coûte que coûte
je veux voir ce qui a de l’autre bord du cul-de-sac

- emile proulx cloutier

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