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letra de bois d'ébène - b.james

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[couplet 1]
de ces hommes qu’on dit sans âme, ma jeunesse fait ses armes
entre la xénophobie ambiante et l’attente du sésame
de cette lignée qu’on a saignée, brûlée, vendue, pendue
et contre toute attente, toujours vivante
dans l’attente d’une hypothétique embellie j’veux faire payer c’pays
ceux qui ont péri n’sont pas vengés, c’texte est un casus belli
belligérants d’naissance, moi et les miens sommes la prestance
j’ai toujours du mal avec leur notion d’nation
cesse de m’regarder avec des yeux révulsés
ici on t’parque dans des taudis et puis l’lendemain on revient t’en expulser
etant plus jeune j’ai eu la naïveté d’croire
que j’pouvais vivre dans l’insouciance dans cette douce france tout en étant noir
devoir de mémoire, oblige mes lignes, fige l’espoir
et j’laisse à part les utopies qu’on m’laisse croire
ils veulent nous cacher notre histoire
a croire qu’elle dérange les hautes instances qui préfèrent nous voir danser et boire

[refrain (-2)]
bois d’ébène, hier c’étaient leurs joies nos peines
c’était notre sang contre leurs chaînes, leur doctrine aryenne
une époque pas si lointaine, pour ne pas dire contemporaine
ils veulent notre indulgence mais l’indigence des indigènes

[couplet 2]
et si le son est sombre comme le sont nombre d’âmes sur paname
c’est qu’ici-bas chacun s’débat dans la pénombre pour être plus que son ombre
encore combien d’frères tués sur la place publique
pour que l’on punisse enfin les -ss-ssins d’la république?
j’viens mettre des baffes à tous ceux qui s’esclaffent devant les esclaves
j’mets fin à la grève des glaives parce que mes semblables crèvent dans les enclaves
j’ai pas besoin d’tuteur si j’peux m’permettre
aujourd’hui encore j’ai l’seum quand j’vois les pet-ts appeler leur inst-tuteur “maître”
être l’instigateur de la révolte
harcelés constamment quand on m’propose un siège c’est qu’il envoie des milliers d’volts
sotte contrée j’parie à mille contre un
que l’hexagone saura pas m’contrer, j’tue avec d’l’entrain
la justice acquiesce quand la police appuie sur la détente
pour éliminer nègre ou négresse, mon faciès est un délit
face au déni on s’ligue pour venger nos victimes
ici on nous décime et ma couleur est bien trop souvent l’seul mobile du crime

[refrain]

[couplet 3]
j’ai l’sang d’ceux qui ont été fouettés jusqu’au décès
les gènes de celles qui entre deux viols couchaient sur leurs urines et leurs selles
la tentation était grande de s’évader d’la plantation
mais l’risque de s’faire prendre aussi vu son implantation
etrange dilemme pour une mère mettre au monde un futur esclave
ou tuer son fœtus in-utero juste pour n’pas qu’il en bave
personne ne sait c’que c’est
effectivement les pages de l’histoire s’écrivent dans un bain d’sang
être forcé d’exister avec l’idée qu’tu n’t’appartiens pas
c’est rêver d’liberté la nuit puis s’réveiller en sursaut sur sa paille en guise de matelas
et toutes ces abominations
ont vraiment eu lieu et la france a donné sa bénédiction
mon histoire est tumultueuse ta patrie une tueuse
cette dernière creuse des tombes tout en faisant croire qu’elle est pieuse
après tous ces siècles de champs d’coton
on sera toujours descendants d’esclaves, ils seront toujours descendants d’colons

[refrain]

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